La parole à l'autorité technique

Chris Davies est Head of Global Technical Superiority (Research & Innovation) chez Belron®.Il décrit sa fonction comme suit : "Je suis chargé d'étoffer nos connaissances et expériences mondiales sur toutes les questions liées à la technologie automobile, aux systèmes d'aide à la conduite, au recalibrage des caméras et capteurs et à la réparation des vitrages et de la carrosserie. Je dois veiller à ce que nos monteurs disposent toujours des meilleurs outils, technologies et processus pour pouvoir offrir aux clients les meilleurs services et expérience."

Chris Davies est Head of Global Technical Superiority (Research & Innovation) chez Belron®.

Il décrit sa fonction comme suit : "Je suis chargé d'étoffer nos connaissances et expériences mondiales sur toutes les questions liées à la technologie automobile, aux systèmes d'aide à la conduite, au recalibrage des caméras et capteurs et à la réparation des vitrages et de la carrosserie. Je dois veiller à ce que nos monteurs disposent toujours des meilleurs outils, technologies et processus pour pouvoir offrir aux clients les meilleurs services et expérience."

 

Outre son travail chez Belron®, Chris Davies est lecteur à l'université du Pays de Galles (University of Wales Trinity St David). Il étudie les conséquences de la technologie automobile sur les réglementations, le comportement des conducteurs et la sécurité routière.

CR : Entrons directement dans le vif du sujet. Pourquoi les systèmes avancés d'aide à la conduite sont-ils si importants pour Belron® ?

Chris Davies : "Cette technologie soutient les systèmes de sécurité essentiels dans une voiture. Ils servent à réduire le risque d'accident et la gravité des blessures et, le cas échéant, à sauver des vies. Les systèmes d'aide à la conduite sont utiles non seulement pour les passagers, mais aussi pour les autres usagers faibles de la route tels que les cyclistes et piétons. Une étude a révélé que le freinage d'urgence automatique, par exemple, aide clairement à prévenir les collisions. Carglass® et Belron® veillent à ce que ces technologies de sécurité fonctionnent à nouveau au mieux une fois que le pare-brise est remplacé ou que les dégâts à la carrosserie sont réparés après une collision."

CR : Nous disposons déjà d'outils de recalibrage pour les caméras derrière le pare-brise, ainsi que pour les caméras, capteurs, radars et lidars dans la carrosserie. Cela s'arrête-t-il là ? À quoi pouvons-nous nous attendre à l'avenir ? Comment Belron® joue-t-il un rôle dans ce domaine ?

Chris Davies : "Le nombre de fonctions des systèmes d'aide à la conduite ne cesse de croître. La technologie automobile devient donc de plus en plus complexe. Je pense qu'à l'avenir, davantage de véhicules seront équipés de base de systèmes d'aide à la conduite et que de plus en plus de capteurs les soutiendront. Si, lors d'un entretien ou d'une réparation, l'un de ces capteurs est déplacé ou que des paramètres de conduite ou la géométrie sont modifiés, les monteurs doivent recalibrer ces systèmes. Par exemple : après un changement de pneus avec alignement, un remplacement de pare-brise ou une réparation nécessitant le démontage du pare-chocs.

La situation est dès lors de plus en plus complexe, tout comme le nombre de capteurs. En outre, leur gamme s'étend sans cesse. À l'avenir, le cryptage des données augmentera aussi pour des raisons de sécurité. De même, les constructeurs automobiles voudront restreindre l'accès au système de diagnostic du véhicule. Tout cela complique le recalibrage multimarque, car diverses solutions technologiques seront nécessaires pour entretenir tous les modèles d'un parc automobile.

Nous pensons que les constructeurs vont proposer des caméras qui contrôlent la fatigue et la vigilance des conducteurs. En fonction de leur positionnement, nous devrons trouver de nouvelles solutions pour les recalibrer après notre intervention.

Dans le futur également, les pare-brise seront probablement équipés de la réalité augmentée (RA), la prochaine génération de Head up displays (informations placées plus haut, en particulier celles du tableau de bord projetées sur le pare-brise, NDLR). Ces pare-brise en RA affichent des informations complémentaires, contextuelles ou spatiales dans le champ de vision du conducteur. Il peut ainsi continuer à regarder droit devant lui. De tels systèmes doivent également être recalibrés ou alignés après chaque intervention pour s'assurer qu'ils fonctionnent correctement. Belron®collabore avec des fabricants de systèmes de rang 1, des fournisseurs de technologie, des experts industriels et des universités pour comprendre les futures tendances de la technologie automobile. Ainsi, nous savons comment le secteur évolue."

CR : Notre spécialisation technologique nous permet de procéder à un recalibrage pour toutes les marques : nous nous distinguons ainsi de la concurrence. Les investissements consentis pour l'équipement et la formation doivent être énormes. Comment pouvons-nous y parvenir ?

Chris Davies : "Pour assurer un recalibrage correct, il faut tout d'abord savoir quelles voitures disposent de systèmes d'aide à la conduite, de base ou en option, quels capteurs sont utilisés et où ils sont intégrés. Nous nous basons ensuite sur les manuels des équipementiers pour examiner les directives du OEM (Original Equipment Manufacturer, NDLR) : exigence de recalibrage, procédures imposées et toute éventuelle exigence supplémentaire. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires technologiques mondiaux, tels que Hella Gutmann, Bosch et Texa, afin de nous assurer que leurs solutions technologiques sont adaptées aux parcs automobiles de nos clients. Nous veillons toujours à ajouter de nouvelles options pour les nouvelles voitures et leurs systèmes. Cela représente un défi majeur pour tout fournisseur de technologie. L'intégration d'une mise à jour dans les outils de recalibrage peut prendre jusqu'à six mois. C'est pourquoi nous utilisons asTech qui se connecte en temps réel aux systèmes des constructeurs. Carglass® est le seul à utiliser cet outil actuel et couvre ainsi la quasi-totalité du marché automobile. Nous sommes uniques dans le secteur grâce à l'effort que nous consentons pour identifier les voitures qui doivent être recalibrées et maîtriser les étapes du processus prescrites. Sans parler des coûts supplémentaires pour le soutien technologique dans les Centres de Services.

Au fur et à mesure que les systèmes se complexifient et que des architectures de cryptage avancées seront ajoutées, je pense que moins de fournisseurs du marché secondaire pourront continuer à investir dans les connaissances et technologies nécessaires. Carglass® et Belron® sont toutefois déterminés à investir pour continuer à prendre soin de nos clients en assurant le bon fonctionnement de leurs systèmes de sécurité grâce à des recalibrages effectués par des experts."

CR : Vous examinez les conséquences des nouvelles technologies sur la réglementation et la sécurité routière. Quels sont actuellement les principaux problèmes et comment pouvons-nous y remédier ?

Chris Davies : "Les systèmes d'aide à la conduite sont des technologies de sécurité primaires. Ils sont conçus pour prévenir les accidents, contrairement aux équipements de sécurité secondaires, tels que les ceintures de sécurité et airbags, qui sont conçus pour protéger en cas d'accident. L'Euro NCAP (voir encadré ailleurs, NDLR) contraint les constructeurs automobiles à intégrer des systèmes d'aide à la conduite tels que le freinage d'urgence automatique pour rester compétitifs. Les constructeurs savent que les systèmes d'aide à la conduite ne fonctionnent pas correctement si les capteurs ont été touchés lors d'un accident, d'un entretien ou d'une réparation. Ils donnent dès lors les instructions nécessaires pour un diagnostic et un recalibrage : le logiciel automobile doit pouvoir déterminer ce que les capteurs indiquent. Il est essentiel que le véhicule sache où se situe son axe central et ce que représente un objet afin de pouvoir déterminer s'il se trouve à l'intérieur d'une bande de circulation ou s'il est proche d'une autre voiture ou d'un piéton.

Belron® a lui-même étudié ce point : si le système d'aide à la conduite n'est pas calibré ou est mal calibré, la voiture ne se comporte pas comme elle le devrait. Cela peut mettre en danger les passagers et usagers de la route, le risque d'accident augmente. Cela s'applique clairement aux systèmes de freinage d'urgence automatiques et aux contrôles des trajectoires.

Je pense que l'Europe doit aller plus loin dans ses réglementations à cet égard. Les conducteurs et réparateurs doivent également recevoir de plus amples informations sur le fonctionnement de la technologie et sur la nécessité de la recalibrer après chaque intervention."

CR : J'ai lu une citation intéressante de vous sur LinkedIn. "Les constructeurs automobiles doivent adopter une approche holistique du design des systèmes d'aide à la conduite et les réparateurs doivent faire le nécessaire pour assurer leur fonctionnalité." Pouvez-vous nous donner une petite explication ?

Chris Davies : "D'après une étude externe, les systèmes d'aide à la conduite, tels que le freinage d'urgence automatique, réduisent la fréquence des collisions par l'arrière jusqu'à 50 %. Mais le nombre d'accidents reste élevé. On en dénombre beaucoup à basse vitesse, par exemple lors du stationnement. Cela provoque des dégâts dont la réparation coûte de plus en plus cher.

Les programmes NCAP (voir encadré ailleurs, NDLR) ont encouragé les constructeurs automobiles à intégrer des systèmes d'aide à la conduite, tels que le freinage d'urgence automatique et le contrôle des trajectoires. Mais ils ne fonctionnent correctement qu'à des vitesses ou dans des conditions spécifiques, comme en ville ou sur autoroute. Pour que le nombre d'accidents diminue considérablement, les constructeurs automobiles doivent impérativement introduire des systèmes d'aide à la conduite efficaces à toutes les vitesses et dans toutes les situations. C'est ce que j'appelle une approche holistique.

Les réparateurs doivent sensibiliser leurs clients aux systèmes de sécurité et les informer sur la manière de les utiliser correctement. Ils doivent acquérir l'expérience nécessaire et mettre au point l'équipement technique pour évaluer le fonctionnement et, le cas échéant, procéder à un recalibrage. Ils doivent garder une longueur d'avance sur la courbe de complexité. Nous voyons trop souvent des réparateurs qui n'ont pas conscience de leur responsabilité ni de la nécessité de recalibrer les systèmes de sécurité. C'est inacceptable."

CR : En tant que néophyte, je peux imaginer que je ne pose pas certaines questions importantes pour la simple raison que je ne connais pas tous les aspects du sujet. Quelle(s) question(s) poseriez-vous à ma place ? Et voulez-vous également y répondre ?

Chris Davies : "Vous avez posé de très bonnes questions :-) Mais j'ajouterais ces deux-ci:
1. Si les systèmes d'aide à la conduite sont si importants pour la sécurité des passagers et usagers de la route, pourquoi peut-on les désactiver ? On entend souvent que la quantité d'avertissements émis par les systèmes d'aide à la conduite, comme le contrôle des trajectoires, agace les conducteurs. Il se peut également que certains conducteurs ne sachent pas très bien comment utiliser leur régulateur de vitesse intelligent. Ils le désactivent alors systématiquement. Selon moi, ce sont là deux exemples de mauvaise compréhension des aides à la conduite et de mauvaise information fournie par le constructeur automobile. Je peux concevoir que les concessionnaires ne comprennent pas parfaitement la technologie et que c'est une occasion manquée de renseigner correctement le conducteur. Je trouve que le freinage d'urgence automatique est le principal dispositif de sécurité. Il prend le relais pour freiner en cas de risque de collision, ce qui doit permettre de limiter les dégâts et blessures. Techniquement, le conducteur peut désactiver ce système de freinage d'urgence. Mais selon les règles du NCAP, il doit être remis en marche automatiquement dès que le véhicule redémarre. Et à juste titre ! Il serait préférable qu'il soit toujours actif, car il représente une sécurité invisible qui peut réellement sauver des vies ou au moins réduire les blessures."

2. "Quel rôle peuvent jouer les pouvoirs publics ou organisations commerciales en vue d'améliorer la sécurité routière ? Ils doivent encourager les constructeurs automobiles à accélérer l'équipement en systèmes d'aide à la conduite. De même, il faut sensibiliser davantage et étoffer les connaissances du public, des conducteurs, des réparateurs et du secteur automobile en général sur les systèmes de sécurité. En outre, ils doivent encourager les réparateurs à suivre une formation continue et imposer des normes minimales pour garantir que leurs techniciens disposent de l'expérience, des outils et des compétences nécessaires pour réparer et recalibrer correctement les systèmes d'aide à la conduite.

Afin de garantir à long terme la sécurité des systèmes d'aide à la conduite, il convient de les inclure dans les inspections automobiles périodiques pour vérifier leur bon fonctionnement et, si nécessaire, les faire recalibrer."

29 octobre 2020